26e Gala Les Olivier | Elles sont bonnes (et drôles), point
Trois femmes figurent parmi les principaux gagnants de la cérémonie comique, efficacement animée par Korine Côté.
Zéro. C’est le nombre de femmes à qui avait été directement décerné un Olivier en 2024. Il y avait place à une augmentation, ce qui s’est produit dimanche soir, lors de la 26e édition du gala des drôles. Et pas dans les moindres catégories.
Le prix le plus prestigieux, celui du Spectacle d’humour de l’année, a ainsi été remis à Rosalie Vaillancourt pour MILF, titre coquin de son brillant deuxième one-woman-show. Avec générosité, l’humoriste a d’abord félicité ses camarades pour leurs spectacles de qualité, qui ont donné envie aux gens d’aller en voir d’autres.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE
Rosalie Vaillancourt
Sur le ton de raillerie bienveillante, elle s’est ensuite payé la tête de tout son entourage, avant de saluer sa fille : « Merci, Marguerite, t’es mon spectacle de l’année. » Doux et tendre moment.
Elle devient seulement la deuxième femme à l’emporter dans cette catégorie, après Lise Dion en 2002. Bernard Landry était alors premier ministre du Québec et Les Respectacles trônaient au sommet des palmarès.
Message aux jeunes filles
Le sacre de Mégan Brouillard dans la catégorie Découverte de l’année semblait quant à lui aussi inéluctable qu’une victoire du Canada contre le Kazakhstan dans une partie de hockey féminin, tant rien ne résiste à la Drummondvilloise aux blagues aussi puissantes qu’un lancer frappé. En après-midi, lors du Gala de l’industrie, elle avait déjà remporté la statuette du Texte de l’année : capsule ou sketch web humoristique.
Après avoir elle aussi remercié les membres de sa famille, truculents personnages récurrents de son univers coloré, la mi-vingtenaire s’est adressée à « toutes les jeunes filles qui regardent ce soir ».

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Mégan Brouillard
« Que t’aies envie de devenir joueuse de hockey, pompière, électricienne ou humoriste, ça te regarde toi pis c’est tout. Tu vas pas être bonne parce que t’es une fille, tu vas être bonne, point », a-t-elle proclamé avec une vibrante émotion, une promesse à laquelle les résultats du gala donnaient du poids. Discours bref, mais senti. Et utile.
Dans un contexte de crise du secteur des arts de la scène, Mégan Brouillard aura été la seule à évoquer la situation en remerciant « tout le monde qui travaille et qui consomme notre culture québécoise ».
Du moins jusqu’à ce que l’animatrice Korine Côté décoche, en guise de mot de la fin, une pointe toute garnie aux « pizzerias du Québec qui croient en la culture d’ici », blague inspirée des récents propos controversés d’un certain pizzaiolo beauceron.
Marthe Laverdière complète le trio de dames célébrées au cours de la cérémonie, elle qui s’est distinguée dans la catégorie Spectacle d’humour/Meilleur vendeur de l’année. Preuve qu’elle vend beaucoup : si la polissonne horticultrice à la verte verve brillait par son absence, dimanche, c’est parce qu’elle avait donné son spectacle vendredi à Sept-Îles.
Marthe Laverdière fait son show ! s’était illustré en après-midi dans les catégories Mise en scène de l’année (Mario Jean) et Conception visuelle de l’année (Benjy Martin, Sébastien Tessier).
Quant à l’Olivier de l’année, prix important bien que toujours aussi étrangement tributaire d’un vote du public, c’est à Mona De Grenoble qu’il a été attribué, une indéniable surprise compte tenu de la compétition de robuste calibre à laquelle elle faisait face (Katherine Levac, Arnaud Soly, Rosalie Vaillancourt et Mike Ward).

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Mona De Grenoble
La volubile drag queen interprétée par Alexandre Aussant semblait pour une rare fois ne plus savoir quoi dire, si ce n’est que d’inviter les téléspectateurs à « devenir gais ».
D’autres gagnants et une photo peu flatteuse
En lever de rideau, l’animatrice de la soirée, Korine Côté, s’est plainte de la photo coiffant l’article de La Presse qui annonçait en octobre dernier qu’elle piloterait le Gala Les Olivier. « J’ai l’air d’une chèvre qui accouche d’un éléphant par le siège », a-t-elle résumé en observant la photo en question projetée sur trois écrans géants, derrière elle. C’était avant de menacer ses convives de la ressortir advenant que des remerciements s’étirent. On dira ensuite que les médias traditionnels ne sont plus utiles.

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Korine Côté animait la soirée
Elle n’a pas eu à mettre sa menace à exécution avec le concis Charles Beauchesne, qui poursuit sa domination dans la catégorie Podcast humoristique avec script de l’année (Les pires moments de l’histoire), récompense partagée avec ses coauteurs François De Grandpré et Odrée Rousseau. Il s’agit de son cinquième. L’Olivier du Podcast humoristique sans script de l’année a atterri pour la deuxième année entre les mains de Jay Laliberté pour son délirant Podcast des personnages.
Au risque de se répéter, il demeure difficile de croire que le meilleur numéro d’humour de l’année ait à nouveau été présenté, comme l’an dernier, pendant un bien-cuit au ComediHa! Fest-Québec.
Le stand-up est au Québec une forme d’art en pleine effervescence et son inventivité se manifeste ailleurs et autrement que durant ces sympathiques soirées de quolibets consentants.
Qu’à cela ne tienne, le toujours élégant Pierre Hébert repart avec ce trophée. Les Grands Bien-cuits ComediHa! ont aussi été élus Émission de télé humoristique de l’année.
Tout comme nous, François Létourneau et Patrice Robitaille semblaient bien se demander pourquoi on leur remettait un prix lors d’une fête d’humoristes – il est grand, le mystère des Olivier. Ils ont quand même eu la politesse de venir quérir leur dû, pour C’est comme ça que je t’aime, désignée Série de fiction humoristique de l’année.
Beau flash de ces deux bibittes baptisées Simon Duchesne et Tyler Rourke que de déclamer leur discours de défaite au moment de gagner dans Capsule ou sketch radio humoristique de l’année, pour un des leurs délirants segments offerts à La journée est (encore) jeune.
Quant à Guillaume Pineault, nouveau propriétaire de la statuette du Texte de l’année (pour son touchant spectacle Vulnérable), il se réjouissait déjà de pouvoir la déposer à côté de celle reçue en 1996, alors que son équipe de baseball l’avait nommé « joueur s’étant le plus amélioré ».
Korine Côté a été la « backup » de François Bellefeuille lors des deux éditions qu’il a animées. C’est du moins ce qu’elle a raconté dans son numéro d’ouverture. Avec son aplomb et son autodérision, elle devrait à nouveau l’an prochain être le choix numéro un. Au nom de La Presse, l’auteur de ces lignes lui promet, si c’est le cas, une photo plus flatteuse.
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