Encore une journée en France à analyser le profil d’un meurtrier et de sa victime pour voir si on doit lui rendre hommage

Encore une journée en France à analyser le profil d’un meurtrier et de sa victime pour voir si on doit lui rendre hommage

Encore une journée ordinaire en France, rythmée par l’actualité dramatique et les débats passionnés. Mais attention : avant de s’émouvoir ou de rendre hommage à une victime, il faut d’abord lire attentivement son curriculum vitae, inspecter son appartenance religieuse et surtout, ne pas oublier de scruter à la loupe le profil du coupable. Pas de précipitation, toute émotion doit être préalablement validée par la grille d’analyse médiatico-politique du moment.

En France, on débat surtout du CV de la victime et du coupable, cela change tout pour voir si on en a quelque chose à faire.

Premier réflexe national face à un drame : sortir la loupe et analyser les cases à cocher. La victime ? On veut tout savoir. Son prénom, son origine, sa religion, sa couleur de cheveux, et si possible, son dernier post sur les réseaux sociaux. Car c’est bien connu, la compassion en France, ça se mérite, et surtout, ça se quantifie à l’aune de la respectabilité du CV de la personne concernée.

De l’autre côté du ring, le profil du coupable n’est pas en reste. Toute la machine médiatique s’emballe pour dévoiler l’âge, le parcours, les fréquentations, voire même la marque de céréales préférée du présumé coupable. Et selon que l’auteur du crime appartienne à telle ou telle catégorie socio-culturelle, les réactions s’adaptent à merveille : indignation XXL ou silence gêné, à chacun son baromètre. Et s’il joue aux jeux vidéo, alors peuvent démarrer les débats sur la dangerosité de Fortnite ou évaluer sur CNEWS si les joueurs de Counter Strike qui ont de meilleurs scores dans l’équipe Terroristes devraient être surveillés…

Cette obsession du curriculum vitae permet finalement de dépolitiser l’émotion. La douleur collective devient conditionnelle, sélective. On choisit méticuleusement à qui il convient de rendre hommage et pour qui il est préférable de “rester prudent avant de s’emballer”. Une forme d’art typiquement française, que le reste du monde nous envie sans doute (ou pas).

Hommages à géométrie variable : mode d’emploi

Mode d’emploi pour rendre hommage en France : avant tout, attendre la validation des réseaux sociaux et des éditorialistes. Si la victime “coche les bonnes cases”, alors place aux gerbes de fleurs, minutes de silence, marches blanches et discours solennels. On sort la panoplie du parfait citoyen éploré, drapeaux en berne et hashtags lacrymaux.

En revanche, si le profil de la victime est jugé “sensible” ou “politiquement risqué” (comprendre : susceptible de diviser l’opinion), alors il vaut mieux éviter les démonstrations d’émotion trop voyantes. On privilégie la discrétion, les tweets tièdes et les hommages officiels vite expédiés. Bonus : on invoque la nécessaire “retenue” ou la prudence judiciaire pour justifier l’absence d’élan national.

Et attention à ne pas se tromper de case ! Un hommage mal placé, et c’est l’accusation de récupération politique garantie, suivie d’un débat houleux sur les plateaux télé. En France, l’émotion publique est un exercice de haute voltige, soigneusement calibré selon le contexte, la victime et le coupable. À géométrie variable, bien entendu.

Au final, chaque tragédie sur le sol français se transforme en test grandeur nature pour notre capacité à débattre de l’identité, de la religion et des circonstances, bien avant de penser à la dignité humaine. Hommage ou pas hommage, tout dépend de la case cochée. Le pays des droits de l’Homme n’a jamais aussi bien illustré que l’égalité, c’est d’abord une question de CV.



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