ENTRETIEN. « Il y a un bon truc dramatique de départ » : Alain Chabat raconte la genèse de la série « Astérix et Obélix : le combat des chefs » sur Netflix

ENTRETIEN. « Il y a un bon truc dramatique de départ » : Alain Chabat raconte la genèse de la série « Astérix et Obélix : le combat des chefs » sur Netflix

Plus de vingt ans après le triomphe d' »Asterix : mission Cléopâtre », l’ex-Nuls remet sa folie au service du plus célèbre duo de Gaulois. Il signe cette fois un dessin animé sous la forme d’une série en cinq épisodes disponible sur Netflix.

Sa dernière aventure avec Astérix et Obélix remontait à 23 ans. Alors qu’Asterix : mission Cléopâtre avait enregistré 14 millions de spectateurs au cinéma, Alain Chabat remet renoue avec la Bande dessinée d’Uderzo et Goscinny. Avec « Astérix et Obélix : le combat des chefs », le réalisateur sort un dessin animé en cinq épisodes disponible dès ce mercredi 30 avril, sur Netflix.

Vous avez choisi cette fois-ci d’adapter l’album Le Combat des Chefs. Pourquoi ce choix ?

Parce qu’il y a un bon truc dramatique de départ, qui est un druide fou qui n’a plus le secret de la potion magique et donc une tribu gauloise en danger de mort, ça commençait bien. Il y a beaucoup de comédie, puis c’est un album village, il y a tout le monde, des envahisseurs, des résistants, des collabos, il y a beaucoup de choses en même temps, dans la même histoire et le scénario de base est ultra-solide. Il y a les albums voyage, genre Astérix en Hispanie, en Égypte, chez les Bretons, en Corse, et puis les albums village, La Zizanie, Obélix et compagnie, des albums qui ne se passent que dans le village, et comme je les avais déjà fait voyager en Égypte, je me suis dit si un jour je refais un Astérix, je ferais un album qui ne se passe que dans le village.

Qu’est-ce qui vous intéressait dans ce super premier épisode, de raconter l’enfance d’Astérix et Obélix ?

Comme Astérix et Obélix sont vraiment centraux dans cette histoire, on avait envie de les voir petits pour comprendre leur amitié, et leur amitié indéfectible, qui, peut-être, dans cette aventure, allait être plus que challengée, vraiment mise en danger. On avait envie que ces deux personnages, dont on se dit qu’ils ne vont jamais se fâcher, que là on se dise que, non seulement, ils se sont fâchés, mais ils ne vont jamais se réconcilier. Pour ça, l’épisode de l’enfance, j’ai l’impression, nous permettait d’ancrer ce truc-là solidement, émotionnellement.

« Potus », « Metadata », « Sucettàlanix », ils vous viennent comment les noms des personnages ?

Quand tu commences à te mettre en mode Astérix et en mode Romains et Gaulois, tu deviens fou, tout devient un nom. Tu vois une Toyota Prius dans la rue, c’est un Romain. Tu regardes un truc marqué Wikileaks, c’est un Gaulois !

« Donc pendant cinq ans, dès que quelqu’un disait un mot, d’un seul coup ça devenait un Romain. »

Alain Chabat

à franceinfo

On avait des banques et des banques de noms, ce sont ceux-là qu’on a utilisés finalement mais il y en a plein qui sont passés à la poubelle.

Et comment est née l’idée de donner une mère à César ? 

À chaque fois on se posait des questions sur les personnages. On se demandait : « Mais c’est quoi son problème à César, de vouloir envahir le monde en permanence ? C’est quoi le problème d’un dictateur, d’être cinglé au point de vouloir que tout le monde pense comme lui ? » Donc on s’est dit, peut-être que ce serait intéressant qu’il ait une mère qui ne soit jamais impressionnée par quoi que ce soit et qu’il fasse tout ça pour impressionner sa maman… Ça donnait évidemment de la comédie pour César, qui pouvait être absolument le César grandiloquent, flippant, qu’on veut avoir aussi, on ne voulait pas lui enlever ce pouvoir-là, mais quand même qu’il ait un petit caillou dans sa chaussure. Enfin, dans sa spartiate.

Et vous, comment avez-vous trouvé la voix d’Astérix ?

Je l’ai trouvée avec Gilles Lelouch. C’est lui qui m’a bien aidé à trouver la voix puisque c’est lui qui m’a beaucoup poussé à ce que je fasse Astérix avec lui, puisque je ne savais pas encore qui faisait Astérix quand je lui ai proposé Obélix. Donc c’était à deux, à force, en cherchant, j’essayais de ne pas trop faire Roger Carel, de ne pas trop faire Christian Clavier, de chercher une autre direction, tout en faisant un peu Roger Carel et un peu Clavier. Ce n’était pas évident mais j’ai l’impression que le duo fonctionne.

Alain Chabat, vous êtes le digne descendant de René Goscinny. Qu’est-ce que vous, vous aimez chez René Goscinny ?

Moi, j’adore le génie que c’est. C’est un auteur majeur. Il crée Astérix et Obélix avec Uderzo, Lucky Luke avec Morris, Iznogood avec Tabary, le petit Nicolas avec Sempé… Mais ça ne suffit pas ! Il devient rédacteur en chef de Pilote et pendant des dizaines d’années, il en fait le meilleur hebdo de la planète, découvreur de talent, qui fait que derrière, les 30 ou 40 ans de BD qui suivent, ils sortent tous de chez Pilote. Dans sa plume, j’adore le fait qu’il fasse toujours des trucs absolument ultra-divertissants, ultra-drôles, très marrants d’abord et si on a envie de regarder un peu plus profond, on lit d’autres choses. Mais si on n’a pas envie, ce n’est pas grave, ça reste marrant, ça reste accessible aux enfants, ça reste accessible à qui veut d’ailleurs. On peut y voir ce qu’on a envie de voir, si on a envie de chercher, on trouve et si on n’a pas envie, c’est déjà ultra-satisfaisant comme ça. Je trouve ça génial d’avoir des niveaux de lecture aussi différents et particulièrement dans Astérix. C’est aussi quelque chose qu’on a essayé de respecter, d’avoir une série familiale dans le bon sens du terme, c’est-à-dire que les enfants peuvent se marrer sur des tas de trucs, les adultes peut-être sur les mêmes trucs, et aussi sur d’autres, mais que tout le monde puisse regarder ce truc-là en même temps et en rigolant.



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